PIERRE PILONCHERY

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LES COUSAGES 1992-2003


De 1992 à 2003 je travaille avec intensité sur Les Cousages.

Les Cousages sont des ouvrages un peu comme l'immense tapisserie du cosmos. J'y mets en chantier de longues et fatiguantes techniques artisanales que je décide pour cette raison d'arrêter. Les Cousages sont une série de très grandes surfaces obtenues en cousant bout à bout sur un très long temps de travail.des morceaux de tissus travaillés à l'acrylique et par images imprimées à l'ordinateur, mises en scène avec d'autres éléments et objets divers qui les complétent et les questionnent.

En 2002 je reprends la série des Cousages, pour répondre à la demande d'une commande, en l'enrichissant de nouveaux éléments dans les dispositifs d'installations qui seront mis en chantier et la multiplicité des images qui seront imprimées.


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QUELQUES LIEUX COMMENTES

2002


Ce texte additionne des notes de travail écrites dans un journal d'une commande en 2002


Je crée la réalité. Les étoiles s'assemblent en galaxies pour former l'impensable tapisserie du cosmos où nous sommes, c'est un peu comme un fluide infini, comme une ouverture à l'immensité des possibles pour nous indiquer ce qui peut arriver, morceau par morceau, sous l'effet de visions simplement perpétuelles et magnétiques, cette impression par exemple de respirer joyeusement plus profondément à chaque pensée que nous puisons dans les provisions toujours inépuisables de nos inspirations. Comme un moment d'agilité dans nos chances humaines pour saisir les ondes infatigables de l'univers où nous sommes. Tout se tient dans la réalité du monde. Une sorte d'instinct de survie. L'effet de ce postulat d'énergie comme un tissu d'événements en un superbe et complexe processus d'assemblages rigoureux mais toujours imprévisibles c'est la question de la méthode. La méthode permet l'action tout en donnant la structure, la disponibilité indispensable à la nature exaltante de nos intuitions que nous voudrions toujours avec joie mettre en oeuvre sans passé ni présent. L'important n'est plus ce qu'on fait mais ce qu'on en fait. Tout ça c'est juste une question de regard. C'est juste une question d'échelle, un peu comme les fractales. Et nous pouvons changer d'échelle et nous déplacer pour nous libérer suivant les choix de notre observation c'est-à-dire le monde que totalement nous créons transformé par les inévitables flux d'interactions, les indéfinissables et multiples aspects de l'infini que chacun nous occupons. Regardez ce jeu obligé de tous ces hasards plus ou moins provoqués, les systèmes de rapports entre les choses comme un tissu d'activités, des événements distincts dans leurs temps leurs matières et leurs apparences, comme l'univers fluide et pourtant structuré que nous occupons, des agrégats d'actions peut-être et c'est nous qui les créons. Et l'on voit tantôt le tout tantôt la partie qui se tissent ce qui fait c'est sûr l'espèce humaine et toute chose de l'univers dans leurs infinies variations, comme autant d'événements reliés par les structures que notre observation peut construire, comme autant de développements que nous voudrions saisir. Le hasard le non-vouloir et l'indéterminé se tissent dans la structure ordonnée, de l'imprévisible dans le prévisible. En fait l'esprit de l'énergie. C'est pourquoi l'univers dans sa globalité forme beaucoup plus que l'ensemble de ses parties, chaque détail en lui-même un tout puissant forme avec les autres détails un autre tout puissant, c'est juste une question d'échelle, c'est juste une question de révélation, tout ç a dépend seulement de la distance à laquelle nous observons. C'est la question du temps qui nous entoure dont chacun nous sommes le centre dans notre permanente contemporanéité, l'entassement en un seul instant de tous les instants qui tissent ce qui fait l'espèce humaine dans son infinie répétition. Des pierres et des étoiles sur la surface de notre monde. Si donc l'ensemble existe parce que les parties existent ces mêmes parties jamais ne suffiront à définir l'ensemble, il y faut ajouter sans hésiter la notion d'interdépendance et c'est nous qui décidons. Tous les symptômes d'une conscience maximaliste en relation avec le signal d'un monde entendu pouvant interférer pour oeuvrer dans le même et gigantesque but, clarifier le chemin. Par exemple nous sommes dans un monde de couleurs, les couleurs accompagnent l'histoire et tous les processus de croissance du monde social, incarnent des personnages tout autant que du végétal ou du minéral, créent du symbole et servent de repères, indiquent et signifient, provoquent des sentiments chez ceux qui les voient, circulent et agissent, etc., le rouge est la couleur qui tient tout ça, l'action la force et l'énergie. Voyez les repères colorés des dispositifs électriques, ce sont toujours les fils rouges qui signalent le flux positif du signe +. Les Romains portaient des vêtements écarlates pour se protéger des puissances maléfiques, l'oxyde de fer le pigment le plus répandu sur la Terre devient rouge dès qu'il s'altère, aujourd'hui le rouge est la couleur qui se projette le plus loin dans l'univers lorsque l'on envoie les couleurs du spectre dans l'espace du cosmos où nous sommes. Même en pleine lumière le rouge sera toujours visible. Le rouge comme un fond d'ouverture à l'immensité, comme un flux d infini dans l univers où nous sommes. L unité réfractée. La lumière s échappant de nos corps. La mise en rapport sur ce fond de couleurs de morceaux d instants et de lieux différents l assemblage imprévisible mais rigoureux dans sa méthode sur ce mode de fabrication par additions sans composition, tout ce jeu met en chantier un joyeux festif et rigoureux potentiel d énergie pour chacun pouvoir y trouver sa propre place. Ce sentiment si extraordinaire d être ici à cet endroit de l univers simplement comme il est. On ne peut rien trouver d isolé, d indépendant, tout fonctionne par interrelations, des fils d énergie si vous voulez, ou bien des courants ondulatoires jusqu aux confins del univers, depuis là précisément où chacun qui que nous soyons nous vivons et créons. La somme de ces quelques choses pour construire autre chose dépassant largement cette somme des parties. La réalité non pas dans les choses mais dans les relations entre les choses. C est ce tissage là cette texture là qui construit l univers. Cent brins d herbes dit un vieux proverbe bouddhiste ne servent à rien pour balayer de la poussière mais forment solidement attachés ensemble un balai qui peut balayer la poussière. Toutes ces parcelles de réalité n existent que parce que reliées à d autres parcelles de réalité mais chaque point de cette réalité se lit aussi comme la réalité. Il s agit d additions. Les dimensions sont celles de la joie quand tout ce qui peut paraître dissocié s associe, une vaste hyper structure fortement dynamique et jouissive quelque soit son contexte. Des événements reliés les uns aux autres interagissant les uns sur les autres, des pierres et des étoiles, un cadeau pour nous guérir, la lumière totale du monde où nous sommes. Le rouge pour l action, le rose pour le cSur. Il nous suffi d avancer. Sur des surfaces géantes habillées de couleurs dangeureusement déplacées la machine à coudre de Schwitters peut alors crépiter nous n avons pas l obligation de consommer. Chacun peut participer. Et dans cette incommensurabilité que chacun peut tisser disons que rien n est inévitable et que rien n est nécessaire. Mais ce qui n est pas nécessaire n est pas inutile. Un champ de possibles dans le cadre mathématique d une structure à priori, une mise en formes comme une mise en ondes de la liberté créatrice dans sa belle et fascinante expansion permanente. Et tout ça cette dynamique et prolifique hyperstructure fortement jouissive quelque soit son contexte ça n est que de l action voyez-vous, sûrement pas de la composition ni même de la démonstration, rien qu un tissu d activité je dirais si je voulais résumer. C est un peu comme l univers et son grand fluide, comme un grand tout possible me semble-t-il où chacun pourra participer. L immense tapisserie du cosmos où nous sommes comme un gigantesque mouvement de ces forces exponentielles en expansion permanente. Ce qui y est pourrait ne pas y être et ce qui n y est pas pourrait y être, tout simplement. Tout dépend de la mise. Depuis les temps les plus immémoriaux. Des mosaïques de visions, voilà toute l histoire. Chaque morceau s ajoute à d autres morceaux pour former ensemble un nouvel autre morceau et tous ces morceaux ne sont que des détails et l ensemble un nouvel autre détail. C est juste une question d échelle. C est un peu comme le grand fluide de l univers avec dans tout ça de l ordre et du désordre, de l irrégulier dans le régulier, de l imprévu dans le prévu, c est-à-dire à l infini des invariants structurels pour en toute joyeuse liberté faire place à la surprise. Chaque instant glorifié sous le ciel étoilé, de l eau pour se désaltérer. Je sais ce que je dis. L univers est un patchwork de morceaux d univers et sa lecture jamais ne sera terminée. Différents types de circulation d énergie, des fils de couture comme un échafaudage pour tenir ensemble différents objets de toutes sortes et de toutes formes, jouent le rôle d une force gravitationnelle et de beaucoup d autres forces encore, connues ou même inconnues, que tous nous pouvons utiliser si nous voulons bien avancer. Toute cette hyper structure émet des ondes d énergie bien au-delà de celles des images et de leurs couleurs pour frapper notre cerveau de bien des manières plus complexes que le seul regard du visible. Un véritable kaléidoscope d ondes sur notre corps ouvert dans l univers où nous sommes. Les équations sans la démonstration. C est comme le soleil sur notre visage Des choses ridicules et des choses sérieuses. Quelque chose qui arrive. Eh bien je vais vous dire, ça n a l air de rien d attraper ce que peut le temps précisément lorsqu il mérite nos actions c est-à-dire la joie d agir ou peut-être même au-delà comme un rêve éveillé que nous construisons si nous savons ce que nous voulons. Où que nous soyons sans plus attendre. Et nous modulons ce que nous construisons. Nous regardons des publicités. Nous regardons le monde qui lance des fusées. Je me sens en sécurité. Je veux dire pour mettre en jeu le monde et sa grandiose immense machinerie porteuse des expériences d une réalité en terrain de connaissances et des impressionnants champs d inconnus que nous savons des plus excitants chacun peut circuler. En tous sens en tout lieu. C est comme le soleil sur notre visage. Juste un regard sur des voix. Ce processus endémique d énergie active et agissante contient le pouvoir de repérer chaque détail qui nous entoure quoi que nous fassions. Toute la motivation du monde. Toute l humanité de la planète. Chacun peut participer. John Cage nous offre un thé, il nous faut apprendre à marcher pour couvrir le globe de nos pensées. Tous les jeux sont joués. Regardez la course de Kurt Schwitters entre sa machine à écrire et sa machine à coudre, il tient davantage écrit-il dans un article sérieux à une sérieuse collection de fragments qu à une critique, ce que nous pouvons offrir. Toutes les positions méritent notre attention. La grandeur sans la fonction. Quelque part c est sûr nous pouvons exprimer toutes les combinaisons possibles, il n est pas besoin de choisir mais bien plutôt d ouvrir. Comme de l'irrégularité dans la régularité, de l indéterminé dans le déterminé. Comme faire en toute générosité l éloge des bienfaits de la multiplicité. Et derrière le mur de la lettre les opérations programment le divertissement, les applaudissements se déchaînent, on va pouvoir créer la situation où nous avons tout ce qu il nous faut c est-à-dire l efficacité pour investir l infini de cet inconnu à cet endroit que nous sommes. Point par point l immense tapisserie de l univers. C est juste une question d échelle. Des myriades d instants qui se maillent en un seul et nouvel autre instant qui se maillent à d autres méta-instants.


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