PIERRE PILONCHERY
INTERVIEW DE THIBAULT CARLES PAR ANNE-MARIE PROVOT
Extrait, 2007
Thibault Carles artiste et essayiste a publié plusieurs articles dans les revues "Esse art +opinions" et "Hippocampe".
Anne Marie Provot est critique d’art et commissaire d’expositions.
- Vous citez souvent, à l’origine de votre travail, la rencontre avec Pierre Pilonchéry, en 2003. Ce dernier qui était votre professeur est très vite devenu un ami cher.
- Pierre Pilonchéry a en effet été une personnalité plus qu’importante dans mon parcours. C’est un homme d’une grande bonté et d’une grande générosité qui plus que m’enseigner quelque chose, m’a montré des formes d’existences qui ont pu me servir dans ma propre vie. J’ai apprécié l’homme avant d’apprécier l’artiste, ceci est une pensée qui m’a toujours portée dans la place que j’accorde à l’art. Mais, inversement, lorsque j’ai connu l’artiste, j’ai pris conscience de la manière dont cet immense travail avait nourri l’homme. Cela m’a également orienté sur ce que je pensais de l’art et du rôle, peut-être que ce mot n’est pas adapté, qu’il devait pour moi jouer dans une vie.
- D’après ce que j’en connais, ce travail est basé sur l’idée d’addition d’un nombre infini de petites entités qui créent de grandes surfaces visuelles ou sonores. C’est une démarche universaliste.
- Exactement, le travail de Pierre juxtapose, superpose ou relie différentes parties, images, différents sons, qui forment de grands ensembles parfois animés, notamment lorsqu’il travaille avec la vidéo par exemple. Cette idée d’addition et de plein m’a touchée dès le départ, dès que j’ai pris conscience d’un certain nombre de notions que cela faisait naître. Il avait entre autre des idées de simultanéité, de centre éclaté et universel, et surtout de solidarité qui faisait que ce travail donnait de la force, se faisait force. Il ne s’agissait plus de la pensée de l’artiste, mais de la pensée de chacun au milieu de celle des autres. C’est cela que j’appelle générosité et démultiplication des possibles. Je discutais récemment avec une très bonne amie. Je lui montrais comment l’art, dans mon cas, apportait au fur et à mesure de mes recherches, rencontres et expériences des « couches de réel » qui se superposaient sur tout ce que je connaissais déjà et qui me renforçaient en permanence, qui élargissaient indéfiniment et avec de plus en plus d’intensité mon champ d’existence. Je dirais que c’est ce mécanisme de « superposition » que m’a apporté Pierre.
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Copyright Anne-Marie Provot et Thibault Carles 2007
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