PIERRE PILONCHERY

pilonchery.com

LES PUBLICITAGES 1998-2009


Entre1998 et 2009 je travaille sur Les Publicitages, un grand cycle de projets pour lesquels je recherche des moyens et des lieux de production dans différents cadres de vie. Cette importante série des Publicitages développe un processus très méthodique et facilement repérable aux infinies variations possibles. De grandes surfaces obtenues par tissages de bandes découpées dans des catalogues et tracts publicitaires sont mises en scène accompagnées d'autres éléments (objets, vidéos, sons) à chaque installation différents pour en enrichir et transformer le sens où chacun à sa manière peut entrer pour s'y retrouver. Ces propositions et réalisations sont comme des partitions à dispositions pour de nouvelles interprétations à chaque nouvelle présentation.

Les Publicitages dans dans un espace commercial. En octobre 2006 j'expose, produite par l'enseigne d'un grand magasin, une vaste installation visuelle et sonore en 6 stations et quelques éléments périphériques, La Grande Surface et tous ses Lieux, dans tout l'espace d'un centre commercial, où je ramène alors détournés sous forme d'oeuvres d'art les catalogues et tracts publicitaires que les grandes enseignes du commerce ont imprimés. J'y donne ma conférence Quelques Lieux Précaires traitant de cette installation sous la forme d'une performance pour 15 interprètes. Un film est écrit par Marie-Sophie Chambon à partir de cette exposition.

Les Publicitages dans dans un espace industriel. En février 2007 j'installe 250 m2 de surfaces obtenues avec ces catalogues et tracts publicitaires complétées de lumières et de sons sous la forme d'un chantier évolutif de 2 semaines dans un entrepôt désaffecté, l'installation s'appelle Quelques Lieux et leurs Moments. Nous y donnons lors de la soirée de clôture la performance Moment Z pour 9 interprètes, diffusions sonores et vidéoprojection.

En septembre 2008 la revue d'art contemporain québécoise Esse Art + opinions puble dans son numéro 64 Déchets/Waste un article de Florence Jaillet consacré aux Publicitages, Les Papiers Périssables de Pierre Pilonchéry.

Les Publicitages dans dans un espace universitaire. Mai et juin 2009, l'installation WALKER, qui rend compte de l'oeuvre planétaire Walker In The Universe, A Global Work, montre 120 m2 de ces Publicitages déroulés et suspendus dans le Forum d'entrée d'un bâtiment universitaire à Lyon accompagnés de la projection du film A Walker In The Universe et de tous les films de ses différentes projections dans le monde.

"Avec ses publicitages, Pierre Pilonchéry propose un véritable recyclage visuel des prospectus édités pour la grande distribution. ces images, rebuts de notre société de consommation, sont patiemment découpées en lanières, puis tissées, créant ainsi de vastes surfaces, que l'artiste manipule, placarde, suspend, froisse, met en scène. En fonction de leurs lieux de présentation, ces canevassages prennent des significations variables, créant par exemple un effet de retour à l'envoyeur lorsqu'elle investissent les allées d'un grand magasin. Sans résister aux lois du cycle universel, sans chercher à créer des reliques, Pilonchéry s'approprie des fragments du réel." Florence Jaillet, "Les Papiers Périssables de Pierre Pilonchéry", Esse art opinions n°64 Déchets/Waste, automne 2008, Montréal.


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QUELQUES LIEUX PRECAIRES

2005-2006


"Quelques Lieux Précaires" est une conférence écrite pour présenter l'installation La Grande Surface et tous ses Lieux mise en scène dans l'espace de la galerie marchande d'un centre commercial à Lyon et donnée sous la forme d'une performance le soir du vernissage le 13 octobre 2006. Le texte divisé en 15 parties est lu par 15 interprètes en même temps, les mains gantées de rouge, sur une estrade rouge, chacun exécutant l'une des 15 voix simultanément. A la musique des mots vient se superposer une musique d'objets, chaque interprète tout en lisant son texte, actionne frotte ou tapote un objet banal issu des rayons de l'hypermarché et présenté sur les catalogues et tracts publicitaires utilisés pour les 6 stations de l'installation. Chaque partie est répétée 3 fois, la performance dure 6 mn.


VOIX 1 et VOIX 16 en décalé 1°partie - La Grande Surface et tous ses lieux se présente sous la forme d'une grande installation visuelle et sonore à parcourir en six stations mises en scène à l'intérieur et à l'extérieur du Centre Commercial Auchan de Caluire à Lyon. De grandes surfaces de papier en tissage de bandes découpées dans des catalogues et tracts publicitaires sont mises en scène accompagnées d'autres éléments qui les perturbent les questionnent ou les complètent seulement. Elles sont imprimées sur les vêtements portés par le personnel. Elles sont affichées sur des panneaux publicitaires autour du centre commercial. Des éléments rouges sont disposés dans des vitrines de la galerie marchande. C'est là juste mon travail. J'aime travailler avec des matériaux livrés à domicile, par exemple les images et les sons qu'on reçoit tous les jours à la télévision ou bien sur la toile de l'Internet ou bien encore tous ces catalogues et tracts publicitaires largement distribués dans les boîtes aux lettres des maisons que nous habitons. Je rapporte au centre commercial sous forme d'S?uvre d'art les catalogues et tracts publicitaires produits par le centre commercial.

VOIX 2 -J'installe de l'art dans un lieu de grande circulation publique non habilité à recevoir ce genre de manifestation. Quel effet donc pour le monde? Je veux dire, que dévoilons-nous pour l'humanité? Chacun vit l'occasion d'une expérience. C'est cette faculté que nous employons lorsque nous n'avons pas idée de la façon dont les choses vont aller ensemble parce que nous ne sommes pas dans la communication mais dans l'expérience que nous vivons. La vie sur Terre invente des convergences parce que l'univers entier crée des connaissances. Comment nous appréhendons la réalité que nous construisons? Par exemple les catalogues et tracts publicitaires en disent long sur nos habitudes, ils sont des traces images de notre quotidien le plus banal et pourtant le plus inévitable puisqu'il nous faut manger nous vêtir et nous équiper, ils sont une forme à plusieurs dimensions hypothétiquement confirmées parce que le sujet n'apparaît pas nécessaire pour répandre un savoir et dessiner l'univers que justement nous construisons. C'est l'homme qui impose sa mesure. C'est la mise en Suvre d'une volonté non seulement de partager du visible mais aussi d'installer du réel. Ce réel provisoire occupe des lieux précaires et simplement quelque chose se manifeste. Nous voici donc face à l'explication sans finalité parce que nous connaissons bien les variations dans notre esprit de notre intimité toute entière traversée par les informations rapides et simultanées de notre local à l'échelle de notre univers. Dans les catalogues et tracts publicitaires nous voyons inscrits les mots les images et les sons de nos vies quotidiennes toutes entières et tout ce qui peut s'inscrire là se mélange et se croise. Ce que je veux dire c'est que présenter sous forme arbitraire des fragments par juxtapositions de moments comme des séquences d'un même film où des fragments de tous les films possibles élargit la vision du monde où nous sommes. Tous les domaines de la vie s'ils veulent atteindre leur quintessence doivent se croiser pour s'illuminer. Que révèle l'art? Les personnes qui viennent le voir. Nous pouvons donc gagner notre efficacité pour chacun mieux construire notre humanité. Tout simplement. Ce sont des tableaux de vie que vous voyez.

VOIX 3 -Cette vision peut nous servir parce que voilà sûrement de quoi nous reconnaître. Mais la force n'est pas tant à déchiffrer dans ce que sont ces ouvrages que dans ce qu'ils transforment. C'est une merveilleuse possibilité vous savez parce que nous ne craignons rien, nous ne sommes pas menacés par les actions des artistes comme ici dans ce centre commercial qui accueille avec le plus grand courage le travail d'un artiste au milieu des bruits des images et des lumières de ce que d'habitude on y trouve. Maintenant vous entendez nous pouvons y rencontrer le bruit d'une eau qui coule, pensez-vous qu'il y soit perturbé par les bruits environnants de la galerie marchande qui les reçoit? Voyez plutôt les choses à l'image de ces surfaces, comme un tissage en simultané de plein d'éléments qui font l'existence de la vie la plus quotidienne à chaque instant que l'on vit. Chaque instant devient une partie de la surface de tous ces quelques choses qui nous entourent et donc aussi nous comprennent. C'est un peu comme la surface grillagée de l'espace-temps dessinée dans les revues et les livres scientifiques que nous aimons tant regarder. Chaque création s'ajoute à d'autres créations. Chaque création adresse sa parole à l'univers tout entier. Enfin ça c'est un peu facile à dire comme ça mais c'est vrai, chacun s'engage vers son but au milieu des autres qui en font tout autant. La qualité humaine peut s'installer sur tous les terrains lorsque nous manifestons notre présence sur la scène. L'impact humain de chaque intervention fait bien sûr partie de tout programme de création, peut-être une histoire d'ondes bien au-delà de la compréhension. Qu'est-ce donc qui se présente là? J'ai travaillé avec beaucoup de plaisir et de conviction vous savez sur ces surfaces et leurs contextes, je peux vous dire le temps passé sur ce travail, les premières esquisses, les rencontres, les images numériques et la construction de l'installation, je peux sûrement vous dire plein de choses là-dessus mais je ne peux donc pas vous dire le sens de tout ça. Alors que peut-on comprendre enfin me direz-vous? Toute vie, à l'écart et dans son silence, parce que le monde que je crée ne nous offre rien que nous ne puissions regarder. Que peuvent donc nos pensées pour toute l'humanité?

VOIX 4 -Dans le modèle standard de l'explication de l'univers nous pouvons remonter le temps jusqu'au Big Bang et sa singularité, ce point de la matière-énergie de notre univers nous emmène au sommet de la montagne d'où la vue se dégage. Vous voyez, nous manifestons notre présence sur la scène comme un état de présence arrangé par une mémoire fluctuante et sûrement passagère. Mais toujours nous avançons. C'est pour ça que je veux jouer sur tous les terrains, dans un centre commercial ou sur la planète Mars, sur un terrain de foot ou dans un musée, ou dans tout autre endroit lorsque nous pouvons ou pourrons y aller. Pour prendre la mesure de nos objectifs nous tissons des morceaux du monde où nous sommes. Que révèle donc l'art? Les personnes qui viennent le voir. Comme le chant des oiseaux les langages et toutes les cultures totalement incompris par ceux qui n'en sont pas s'exécutent ici dans l'attitude exemplaire d'une superbe combinatoire qui jamais ne sera achevée. Dans un état de simultanéité tout peut se recomposer. Les mots les images et les couleurs des catalogues et tracts publicitaires tout autant que les mots les phrases et l'intelligence des auteurs qui nous éclairent. Chacun nous pouvons nous approprier sans nous dissimuler tous ces lieux communs que nous connaissons bien parce que nous ne sommes pas désemparés pour traverser l'illimité. Le sens que l'on peut trouver là nous emmène morceau par morceau au sommet de la montagne, comme un rendez-vous des plus surprenants mais aussi des plus apaisants parce que tous on s'y retrouve finalement assez facilement. Ici ce soir par exemple nous mesurons la pleine lisibilité de la force de nos mouvements. Il s'agit d'une Suvre éphémère dans un espace public pour un spectacle réel du monde dans le monde parce que nous affirmons la nécessité d'une présence topique à toute création d'art pour l'incarner librement. Il y a d'abord la volonté de création parce que l'art nous transforme voyez-vous quelque soit la situation. Une nécessité personnelle. C'est donc une merveilleuse possibilité, nous pouvons construire nos demeures comme on ramène un caillou du sommet de la montagne. L'éloge de la multiplicité lorsqu'on veut parler des choses ça veut dire que des partitions de différents styles peuvent être envisagées au même moment comme une succession d'événements qui se passent en même temps.

VOIX 5 -Des mises en position d'actions pour associer ce qui pourrait ne pas être associable, tout ça d'un air joyeux qui nous réjouit. L'art peut changer nos esprits. Nos yeux et nos oreilles peuvent librement cueillir ce qu'ils veulent sans craindre de bloquer notre instinct de survie. Je vous lis donc cette chronique et ces notes de travail sans passion mais avec conviction parce que nous avançons dans nos existences formées de diverses combinaisons depuis cette fameuse singularité du Big Bang et de tout ce que nous pouvons élaborer sans jamais douter de la force de ce que nous créons. C'est là notre triomphe. Voilà ce que je veux dire, la promenade sur le chemin que nous créons devient la traversée que nous traçons. Un pas plus un pas. Maintenant nous opérons dans un champ de possibles mettant en jeu des corrélations que nous tissons, nous nous emparons d'une urgence de création comme d'une urgence d'évolution. C'est la volonté de création. Sommes-nous donc tous des génies ou bien seulement des êtres passants? Nous sommes bien sûr tous les personnages sur la scène. Toutes les situations de la vie, perceptions, comportements, modalités, cultures, accomplissent un style c'est-à-dire une synthèse de nos carences et de tous nos besoins. D'une manière ou d'une autre nous vivons sur des invitations si nous savons les déceler parce que nous traversons l'abondance. Par exemple les produits culturels aussi fonctionnent par la publicité, sur les panneaux publicitaires l'ambition de nos désirs éclaire ce que nous voulons manifester. Il y a là quelque chose de philosophique dans la nécessité d'être toujours en éveil parce que l'art qui naît de la vie ne peut être séparé de la vie. C'est pour ça que les commentaires sur l'exposition sont aussi l'exposition. Par exemple la méthode d'écriture pour ce texte et tous ceux que j'écris ne laisse en rien présager ce qui peut ou ne peut pas en faire partie parce que nous nous trouvons dans une position où nous devons avancer quelque soit la situation. Il s'agit là de l'invulnérable expérience de la fonction d'être. Tout se tient dans la réalité du monde. Tout fonctionne par interrelations des éléments dans leurs rencontres et de ce qu'il en advient dans l'ordre de l'inédit qu'ils inventent.

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